Au commencement…
Sylvie Klein est née le 10 mars 1965 à Lagny-sur-Marne dans le département de Seine-et-Marne. Elle passe la majeure partie de sa jeunesse à Brou-sur-Chantereine, commune limitrophe de Chelles.
Pour Sylvie, tout a commencé dans la rencontre avec Mirza Moric, sculpteur, et Jean-Claude Anglade, peintre. Elle participe à l'Atelier Public d'Expression qu'ils mènent au sein de la Ville Nouvelle de Marne-la-Vallée et perfectionne son travail de la pierre, d'abord, puis du bois.
Ensuite, ce sont les Beaux-Arts de Paris. Elle se dédiera, pendant 5 ans, à l'atelier de taille directe du bois dirigé par le sculpteur Jean Cardot.
En 1993, elle installe son atelier à Noisiel, dans l'ancienne cité ouvrière Menier. La même année, elle crée Le Déluge, œuvre grandeur nature composée de Noë et de ses protégés.
Son travail, le voyage, la vie…
Ces travaux sont réalisés à partir de morceaux de bois récupérés sur des chantiers, des branches ramassées en forêt, des rondins de peupliers issus des bords de Marne...
Avant de sculpter, elle croque dans des carnets et dessine les formes sur le bois avec une craie à la cire.
Puis, elle assemble les éléments issus de la nature, elle unit les pièces de bois par collage, avec clous et tourillons. Elle façonne à la gouge, taille à la tronçonneuse.
Dans son ouvrage Sylvie Klein, "Matières du rêve", Christian Bontzolakis, décrit l'univers de l'artiste comme « ancré dans la matière et le rêve, dans la matière rêvée ». Il parle « d'un retour aux sources, aux forces primitives » et revient sur le séjour de Sylvie en Guyane, en 1997. C'est notamment au cœur de la forêt amazonienne que l'artiste a rencontré "l'arbre rouge à lèvre¹" qui l'incitera à utiliser largement cette couleur par la suite.
Durant ce voyage, Sylvie Klein s'inspire. Elle rencontre le primaire, le sauvage, l'exubérant. Elle se confronte aux arbres, aux troncs, aux lianes. Elle sculpte les troncs des arbres qui jonchent le sol. Elle sculpte à même le monde naturel.
Deux ans plus tard, elle reviendra sur ses pas et trouvera ses sculptures vieillies. Elle constatera leur caractère éphémère. Face à cette menace de mort, de disparition, elle affirmera que, pour elle, « le plus important, c'est de vivre ! ».
La vie mais aussi l'idée de passage et du temps qui s'écoule, nous les retrouvons dans l'ensemble de l'œuvre de Sylvie.
1 - Espèce d'arbres des Régions d'Amérique tropicale également appelé « roucou »
La contrainte :
Le travail de Sylvie Klein est lent et contraint par les matériaux qu'elle utilise.
- Le Bateau ivre (1998) – granit sculpté en Bretagne,
- Auto et Avion (1998) - réalisés en aluminium, caoutchouc, plastique, toile enduite,
- et Cheveux de Vénus (2009) – en résine – le révèlent entièrement.
Sylvie Klein aime avant tout le grand et le surdimensionné, le montable, le démontable, le transportable. Elle l'explique avec ses mots :
« Dans mon travail de sculpture, ce que j'aime c'est :
la série, la famille, la variation, l'installation, la mise en scène, l'assemblage de plusieurs pièces aux matières différentes, le montable et le démontable, le changement d'échelle, le double-sens, les oppositions, les associations, le jeu ».
- Le Coin cuisine (2002) illustre ces paroles à la perfection. Œuvre monumentale – installation de 5 m2 en bois naturels et plâtre – dénonçant la surconsommation, la sur-production, les appétits ogresques.
- Vol au Vent (2006-2007) et Œillet (2010) – qui nécessitent deux heures d'assemblage pour leur exposition sont encore des œuvres gigantesques, puissantes.
Le lien à la famille, nous le retrouvons dans l'axe du hachoir récupéré de son grand-père par l'artiste. C'est autour de celui-ci qu'elle fera graviter ses œuvres : DNA (2003-2005) pour Dernières Nouvelles d'Alsaces (où sont les origines de Sylvie Klein), dans Moulinettes (2000) ou encore l'Arbre Liane de la forêt guyanaise.
Synergie des éléments
son inspiration, sa vigueur, Sylvie les trouve dans la force des éléments. Depuis la Guyane, son art est relié au temps, aux mouvements, à l'eau, à l'air, au temps, à la vie.
Mars- avril 2020 / G.L